Ehpad et logements rue de la Gare : une tribune des élues 2014-2020 en charge du projet

Présenté en réunion publique en décembre 2018, le projet d’Ehpad (Etablissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) et l’opération de logements qui lui est étroitement associée rue de la Gare font l’objet de recours, qui devraient être tranchés en novembre prochain, et d’une opposition de certains des riverains. Le maire ne pouvant pas s’exprimer sur une affaire judiciaire en cours, ce sont les deux anciennes élues en charge du projet pendant la précédente mandature, Simone Branon (à gauche) et Christiane Egéa, qui défendent aujourd’hui cette opération d’intérêt collectif.

« Si nous décidons de prendre la plume en tant qu’anciennes élues, c’est que nous avons découvert, avec stupeur et désolation, une pétition contre le projet d’Ehpad et de logements, à 150 m de la gare de Gières.

« Les manifestations et pétitions sont des moyens d’expression “politique” au sens noble du terme et nous ne remettons pas en question ces actions, mais ce qui nous dérange est que l’argumentaire utilisé, tout à la fois approximatif et trompeur, laisse supposer que le combat pour la préservation de la maison Besserve est mené dans l’intérêt de la collectivité.

« Il nous a donc semblé indispensable, pour la complète et parfaite information des Giérois.e.s, de revenir sur l’opération qui est prévue sur le terrain de cette propriété privée et sur sa genèse.

« Ce qui est en jeu, c’est d’abord la création d’un Ehpad, qui fera probablement partie des derniers établissements de ce genre à voir le jour dans la métropole.

« Il s’agira bien sûr d’un établissement où les tarifs seront encadrés par les collectivités afin que tout citoyen puisse y accéder quelles que soient ses ressources. Un établissement qui répondra aux enjeux de la perte d’autonomie, l’une des préoccupations majeures des français.

« Quelle famille n’est pas concernée par la dépendance d’un proche aujourd’hui ?

« Un projet d’autant plus crucial que les Ehpad existants sont en nombre insuffisants et appelés à recevoir une population de plus en plus âgée et de plus en plus dépendante.

« Nul n’échappe bien sûr à la vieillesse mais il ne doit pas en revanche y avoir de fatalité à être malheureux, isolé et privé de soins quand se profile la fin de vie. Notre projet d’Ehpad aura pour objectif général de proposer un accompagnement bien traitant et bienveillant de toute personne très âgée, lui permettant le plus possible de “mourir debout” et dignement.

« Tous les Giérois ne le savent pas et certains font semblant de l’avoir oublié, mais ce projet d’Ehpad, initié lorsque Michel Issindou était maire, est porté par la municipalité depuis plus de 10 ans.

« Cet établissement devait à l’origine voir le jour sur un terrain situé au bout de la rue Wilson, dont une famille Giéroise avait fait don en 2010 à la commune sous réserve qu’elle y construise un Ehpad. Le terrain sera malheureusement classé en zone inondable et restera non constructible malgré les demandes de dérogations alors formulées. Il est aujourd’hui question d’y implanter un verger, preuve, s’il en est, de l’engagement de la nouvelle municipalité dans le verdissement de la commune.

« Ce terrain ne pouvant plus accueillir un Ehpad, Pierre Verri, alors devenu maire, prendra l’engagement de faire aboutir ce projet sur un autre site avec le concours du département.

« Vous devez savoir que, pour implanter un Ehpad dont les personnels sont cofinancés par le département et l’ARS (Agence Régionale de Santé), la commune doit “apporter” au département le terrain, ce qui sous-entend une mise à disposition gratuite d’une surface constructible d’environ 5 000 m². L’emplacement doit être bien desservi, facilement accessible par la route et par les moyens de transports publics.

« Et la plupart des Giérois le savent, ce genre de bien est une denrée rare sur notre commune ; mais au milieu du mandat 2014-2020, les élus sont informés qu’un terrain de près d’un hectare, localisé à moins de 200 m de la gare de Gières, doit être vendu par ses propriétaires. Le maire décide alors, avec l’accord de sa majorité, de rencontrer ces derniers afin que la commune s’en porte acquéreur avec pour objectif d’y construire un Ehpad, ainsi qu’un ensemble immobilier.

« Les tractations dureront près de deux années avec la famille mais la commune devra finalement renoncer à cette acquisition, en raison d’un prix de vente incompatible avec ses capacités budgétaires.

« Une solution ingénieuse sera toutefois trouvée avec le promoteur ayant conclu l’achat. Au vu de la carence de logements sociaux dont est frappée Gières (et qui oblige tout promoteur à inclure un minimum de 35% de surface de plancher sociale dans ses programmes), Pierre Verri lui proposera une division en 2 de son terrain afin qu’une partie soit occupée par un Ehpad public, dont les 90 chambres seraient éligibles au logement social (ce qui correspond à 30 logements sociaux, trois chambres valant 1 logement), et que l’autre partie puisse accueillir un programme immobilier comprenant quelques logements sociaux supplémentaires

« Cette proposition aboutira en 2018 au dépôt d’un permis de construire valant division (un seul permis pour les deux opérations, condition sine qua non pour la réalisation du projet) qui sera délivré en 2019 après instruction par les services de la commune, de la métropole et de la préfecture.

« Les deux projets sont donc liés par un seul et même permis de construire. Un recours sur le permis, s’il aboutit, remettra en question les deux projets. Et ce recours existe hélas ! D’abord gracieux auprès de la commune qui l’a analysé et rejeté, il est maintenant au contentieux devant le tribunal administratif.

« Afin de ne pas interférer dans les affaires de justice et de respecter le principe de la séparation des pouvoirs, le maire de Gières a logiquement choisi de ne pas s’exprimer sur le dossier.

« Mais ce devoir de réserve ne s’impose pas aux anciennes élues, spécialement lorsqu’elles ont œuvré dans le domaine des solidarités ou de la gérontologie. Et ce recours nous interroge ! Non pas tant sur le fond que sur sa forme et sa temporalité.

« En effet, pourquoi ne pas avoir attaqué le PLU (Plan Local d’Urbanisme) de 2006 qui confirmait le POS (Plan d’Occupation des Sols) de 1977 sur la constructibilité du terrain ?

« Pourquoi ne pas avoir consulté et émis des réserves sur le PLUi de 2019 qui confirmait également cet état, renforçant au passage la densité qu’il serait possible de construire sur le terrain si le permis en cours devait être annulé et qu’un nouveau permis était alors déposé ?

« Pourquoi enfin ce recours et cette mobilisation interviennent maintenant ? La proximité (quelques semaines) du jugement de l’affaire au tribunal administratif serait-elle une coïncidence ?

« Quant à la pétition lancée par les auteurs de ce recours, elle est en apparence animée des meilleures intentions.

« La sauvegarde d’arbres centenaires est un combat tout à fait louable, spécialement dans un contexte d’urgence climatique et d’effondrement de la biodiversité. Mais il faut rappeler que les arbres en question se situent sur le domaine privé et qu’ils ne sont pas classés. Rappeler également qu’un arbre qui a achevé sa croissance a également perdu de sa capacité à absorber du gaz carbonique et qu’il est de ce point de vue pertinent de substituer de jeunes arbres à un arbre vieillissant. Le projet de verger précité prend ici tout son sens.

« Dans un projet d’aménagement, il faut avoir une approche globale de l’opération, regarder les espaces verts qui seront replantés, les toitures qui seront végétalisées et apprécier l’intérêt public du projet en conséquence.

« Les élus de 2014 comme ceux de 2020 n’envisagent pas l’arrachage d’un arbre de gaîté de cœur, mais lorsqu’il s’agit d’une condition pour faire émerger un projet à fort intérêt collectif, il n’y a plus de place pour les tergiversations. L’écologie que nous souhaitons ne sacrifie pas nos aînés pour préserver des arrière-cours. Elle vise à la réduction de l’empreinte climatique et énergétique de chacun des projets qui sont conduits en s’efforçant de les faire aboutir lorsque leur caractère social et humain est évident. »

Simone Branon, ancienne maire-adjointe à la vie sociale et à la solidarité, et Christiane Egéa, ancienne conseillère municipale déléguée à la gérontologie, pendant le mandat 2014-2020