Sur les armoiries de la commune, les trois pics nous rappellent la situation de Gières au pied de la chaîne de Belledonne. Un livre ouvert et une plume d'oie indiquent qu'une partie notable de la commune est vouée aux lettres et aux sciences, du fait de la présence sur son territoire du domaine universitaire de Grenoble.
Si les limites géographiques de la commune ne se sont pas modifiées au cours des siècles, la vie à Gières était autrefois bien différente de ce qu'elle est actuellement. C'est ce que veulent nous rappeler le chanvre et le lin qui entourent l'écusson de Gières et qui étaient autrefois cultivés dans la vallée.
D'après les historiens qui se sont intéressés à la vallée du Grésivaudan, le nom de Gières viendrait du provençal “jarra” provenant lui-même de l'arabe “djarra”, qui a donné le mot “jarre” en français. Plus tard, on trouve les noms de Jayra ou Jeyra et au XIIIème siècle, celui de Géria.
Comme toute la France, la vallée a vu défiler bien des peuples (les Celtes, les Germains, les Sarrasins...), mais ce sont les Romains qui y ont laissé les empreintes les plus durables. La pierre scellée sous le péristyle de la mairie atteste de leur passage.
Au Moyen-Age, c'est l'époque des seigneurs, mais aussi des manants, et la principale ressource de Gières est l'agriculture. En 1115, on signale une église à Jeyra. En 1211, un document fait mention d'une seigneurie, constituée de terres et d'un château-fort dont on pouvait encore découvrir les vestiges des murailles et du donjon il y a quelques années, le long du sentier qui monte au Mûrier par les Batteries-Basses.
Un important manoir d'une vingtaine de pièces a été construit plus tard, probablement sous Louis XIII, au bas de la propriété seigneuriale. Cette résidence, aujourd'hui enclavée par l'avenue Henri-Duhamel construite à l'occasion des Jeux olympiques de 1968, existe toujours, même si elle a probablement subi de nombreuses transformations intérieures. De cette seigneurie, ainsi que de celles d'Uriage, d'Herbeys et d'Eybens, viendrait le nom donné à la colline voisine, dite des Quatre-Seigneurs.
En 1698, la commune de Gières compte 660 habitants. Ses ressources sont exclusivement agricoles et l'on y cultive en particulier le chanvre. C'était aussi le temps des foires, et le 18 octobre de chaque année se tenait la “Foire au beurre”, qui occupa d'abord le haut de la rue de l'Isère avant d'émigrer, dans les années 1860, sur le champ-de-foire (aujourd'hui esplanade du 8-Mai-1945). Les ménagères y achetaient leur provision de beurre pour toute l'année, mais aussi les sabots et galoches en prévision de l'hiver. C'était aussi un marché à bestiaux, principalement des moutons et brebis.
Au début du XXème siècle, Gières avait encore peu changé et ne comptait qu'un millier d'habitants : des “châtelains”, rentiers pour la plupart, des agriculteurs, fermiers, maraîchers et pépiniéristes, qui approvisionnaient la ville voisine, mais aussi des travailleurs à domicile, principalement des gantiers. Certains Giérois peuvent encore vous raconter comment leur père ou leur grand-père recueillait les peaux, les préparait, les travaillait, les taillait et les cousait. D'aucuns se souviennent également du bac qui assurait la traversée de l'Isère entre Gières et Meylan et qu'empruntaient notamment les enfants du bas de Meylan, qui se rendaient ainsi à l'école de Gières ; ce bac a fonctionné jusqu'au début de la guerre de 14-18.
Pendant la seconde guerre mondiale, quelques Giérois s'illustrèrent par de fréquentes actions de sabotage nocturne au service de la Résistance, certains affrontèrent directement l'occupant nazi (au fort du Mûrier), beaucoup d'autres enfin eurent le courage de cacher la quarantaine de Juifs qui s'étaient réfugiés à Gières. Après les combats acharnés qui marquèrent la libération de Gières, le 24 août 1944, beaucoup de ces jeunes s'engagèrent dans le “bataillon Belledonne”, qui combattit en Maurienne et en Italie jusqu'en mai 1945.
A partir des années 60, le déclin de l'agriculture, l'urbanisation de la région grenobloise et l'installation du campus universitaire sur 78 hectares de la commune allaient modifier profondément la population de Gières : moins de paysans, plus d'universitaires (enseignants ou administratifs), une population en croissance continue.
Gières est aujourd'hui une commune dynamique de l'agglomération grenobloise, une commune urbaine qui abrite les 2/5èmes du domaine universitaire de Grenoble et des entreprises de pointe. Mais Gières a su préserver une agriculture de qualité (30% des produits maraîchers consommés par les habitants de l'agglomération proviennent de la zone agricole des Voûtes) et qui se développe dans un cadre naturel protégé et entretenu avec soin. Nous ne terminerons pas ce court survol historique sans évoquer quelques personnalités qui ont vécu ou séjourné à Gières.
Ce fut le cas d'Henry Duhamel (1854-1917). Parisien d'origine, il vient s'installer à Gières pour raisons de santé en 1873 et reste dans la propriété d'Espiès jusqu'à sa mort. Il est enterré dans le cimetière de Gières. Incité par son médecin à des promenades en altitude, il devient rapidement un pionnier de la montagne, et surtout du ski, créant en 1896 le Ski-club français, ancêtre de la F.F.S. (Fédération Française de Ski).
Autre personnalité sportive plus contemporaine : le coureur automobile Bruno Saby, qui a passé son enfance et préparé ses premières voitures de course à Gières. D'autres sportifs, comme le boxeur Akim Tafer, vice-champion du monde en 1997, ou Nadine Auzeil, multiple championne de France de javelot, résident dans notre commune.
L'ancien président de la République, François Mitterrand, a souvent séjourné à Gières lorsqu'il rendait visite, rue de la Plaine, à son vieil ami du temps de la Résistance, Stéphan Jouanneau. La bibliothèque municipale porte aujourd'hui son nom.